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 Le pape de la métamorphose
L'Illustre   Mercoledì, 10 Aprile 2002 00:00
 
Kaléidoscope humain? Barbapapa branchouille? Bête de foire? Mazette, mais qu'a-t-il à se reprocher cet homme-là, pour changer d'habits plus vite que son ombre? Cow-boy, prêtre, danseuse de saloon, Esther Williams, King Kong, Charlie Chaplin, Fellini, clown, abeille, policier de la garde montée, il nous les campe tous ou presque. Le voilà qui s'agite devant vous, tout de noir vêtu, une pluie de confettis argentés plus tard, il se délecte des ovations en smoking blanc. Pif, paf. Ebouriffant, brillant et alors? «Et alors?» comme dirait un Bernard Haller qui lui aussi goûta au jeu de la transformation. Et alors? Arturo est arrivé... très pressé... En moins d'un mois, il connut le haut de 1 affiche, promu coqueluche pailletée et patentée du public et des télévisions. C'était en l'an 2000. Tout commença en fait un 20 janvier. Ce jour-là, Arturo Brachetti - son vrai nom - déboule telle une météorite sur la scène du Théâtre Marigny, à Paris. Il y présente son premier one man show, L'homme aux mille visages, ravivant ainsi un art tombé en désuétude, celui de transformiste. Ironie de l'histoire, le 20 janvier 1900, l' Italien Leopoldo Fregoli, celui qui donna ses lettres de noblesse à la métamorphose et à qui Arturo rend un vibrant hommage, montrait pour la première fois son spectacle à Paris. Coincidence. Un siècle plus tard, son compatriote Brachetti rira d'autre religion que le «fregolisme». Et pour la vendre, une tronche, unique, sorte de Riquet à la houppe, avec un corps de danseur et une tchatche d'Italien qui sait qu'il aura de l'amour et des rires. Car les applaudissements pleuvent comme ses fameux confettis. «J'ai cette houppette depuis trois ans. A l'époque, je jouais Puck dans une version déjantée du Songe d'une nuit d'été, de Shakespeare, et j'avais deux cornes. J'en ai gardé une pour me faire une image de marque. C'est dur d'avoir une tête dans ce métier.» Et dire qu'il en a mille sur sa scène-chrysalide... Peut-être. Mais diable, qu'il est difficile à cerner au civil. Est-ce là l'art du parfait illusionniste? Schizophrène au travail, nettement plus «banal» dans la vie. «Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas. Que reste-t-il? Le sexe et le chocolat!» avouaitil dans une interview, il y a quelques années. Dans sa loge, sautant du peignoir dans un slip et un pantalon en un clin d'oeil, il rétorque: «Je rai plus besoin de ces dérivés, maintenant! J'ai arrêté de faire mon show devant les copains pour leur prouver, et me prouver surtout, que je suis un artiste, quelqu'un de spécial. Le succès est là, le plaisir avec et, du coup, j'ai moins recours à la séduction qu'avant.» Avant? Voici deux, trois choses qu'on sait de lui. Né dans un village montagnard près de Turin, Arturo décide à 5 ans qu'il sera pape ou metteur en scène. «J'étais très timide, maigrichon, je détestais le football et je jouais toujours avec mon théâtre de marionnettes», se souvient-il. Son père, fervent croyant, l'envoie dare-dare au séminaire. Il en Dprend pour six ans. Ou plutôt pour la vie, car il y rencontre Don Mantelli, son mentor. Pour amuser ses ouailles, le prêtre joue des tours de passepasse. Arturo commence à dévorer des livres de magie, à se déguiser - «Je devenais du coup beaucoup plus loquace» - et il monte son premier spectacle avec l'aide des nonnes, une histoire de sorcière qui se transforme en femme puis en homme. Bref, il s'éloigne de plus en plus de Dieu pour se rapprocher des planches. Quelques concours, et Majax le magicien le repère. Il le présente à Jean-Marie Rivière, patron du Paradis-Latin. Arturo Brachetti débute à 18 ans, à Paris déjà. Deux ans plus tard, il attrape la grosse tête. «J'étais la vedette de Flic-flac, le spectacle de l'année en Allemagne. On me demandait partout. Un an plus tard, tout était fini, je suis redescendu en Italie. Le même scénario s'est déroulé à Londres, un jour au firmament, le lendemain, plus rien. J'ai donc appris à relativiser le succès. Depuis deux ans, je suis tout en haut, mais cette fois-ci, je suis prêt à redescendre. C'est normal. Il y a une mode, les gens crochent, sont surpris, et elle passe. Et tu passes avec.» Parole d'apprenti sage déguisé en pro du show-business? Le jeune artiste cultive évidemment les deux facettes. Entre nous, ne lui parlez pas de son âge (la trentaine bien entamée?), le sujet est tabou. Il avouera juste avoir peur de vieillir, qu'il mange dissocié, beaucoup de pâtes, qu'il se bourre d'oligoéléments, met des crèmes, fait de la gymnastique, et qu'il rêve d'acheter le temps. «Je m'occupe beaucoup de moi. Finalement, mes 65 kilos font vivre 50 personnes», dit-il en agrandissant ses yeux, un large sourire en coin. Et pas trace d'angoisse au sujet des millions qui reposent sur sa houppette. En capitaine lucide d'un gros cargo, il sait dans quelles eaux il navigue. «Ce spectacle est commercial. Plein de surprises, d'humour, mais commercial. Je ri ai pas honte à le dire, car j'aime être populaire. En Italie, j'ai mis en scène des pièces difficiles, des classiques, ou des concerts de harpe. Mais ce nest pas avec ces spectacles que je vais faire le Zénith. Il y a un choix très clair à la base. Et il faudra bientôt que je trouve un nouveau truc pour surprendre les gens, car ajouter des personnages à ceux que je fais déjà ria aucun sens.» En attendant, il va tenter de prolonger son heure de gloire outre-mer. Au Canada cet été, et dès l'automne dans une grande tournée américaine qui le mènera en mars prochain fouler les boulevards de la Mecque du showbiz, Broadway. Réaliste, il avoue que rien nest gagné. «Aux Etats-Unis, ils croient avoir tout inventé. Mais quand les producteurs ont vu ce spectacle, ils ont été fascinés. La vieille Europe leur présentait quelque chose d'unique! En revanche, qui peut dire si Monsieur Tout-le-monde va suivre. Nous avons «essayé» le public américain à Oklahoma. On nous a d'abord censuré les seins dans le sketch de Fellini et, quand j'ai interprété Le dictateur, de Chaplin, les gens ignoraient en fait qui était Charlot. Ils croyaient que je jouais le vrai Hitler.» Les illusions envolées, restent quelques transformations dans l'air. - s. w..

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